Éducation: L’Ontario abroge sa loi spéciale imposant un contrat aux travailleurs

TORONTO — Les travailleurs de l’éducation ont explosé de joie dans l’enceinte de l’Assemblée législative ontarienne quand le premier ministre Doug Ford a abrogé, lundi, la loi spéciale qui imposait une convention collective aux travailleurs de l’éducation en plus de leur interdire d’exercer leur droit de grève.

À l’unanimité, les députés ontariens ont voté en faveur de l’abrogation de la loi 28. En seulement 20 minutes, le Parlement a statué qu’«à toute fin pratique, cette loi n’a jamais été en vigueur». 

La province a adopté la loi le 3 novembre dans le but d’interdire aux 55 000 travailleurs du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) de faire la grève.

Mais des milliers de travailleurs, incluant des auxiliaires d’éducation, des bibliothécaires et des tuteurs, ont tout de même débrayé, forçant plusieurs écoles de la province à passer à l’apprentissage à distance pendant deux jours.

Puis, la semaine dernière, le premier ministre Doug Ford a proposé de retirer le projet de loi si les membres du SCFP retournaient au travail, ce qu’ils ont fait.

Lundi, le Syndicat canadien de la fonction publique a crié victoire.

«Je sens que justice a été rendue», a déclaré la présidente du conseil syndical scolaire du SCFP-Ontario Laura Walton. 

«Je crois que pour les travailleurs de l’éducation, c’était une bataille à livrer pour l’ensemble de la province de l’Ontario. J’espère sincèrement que cela serve de message qu’on ne peut pas priver les travailleurs de leurs droits», a-t-elle développé.

La loi du gouvernement, qui utilisait la disposition de dérogation pour se prémunir contre les contestations constitutionnelles, avait fixé des amendes à un maximum de 4000 $ par jour, par employé et jusqu’à 500 000 $ par jour pour le syndicat.

Les deux parties sont retournées à la table des négociations mardi dernier.

Le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, n’était pas présent en chambre au moment de l’abrogation de la loi. Plus tôt dans la journée, lors de la période de questions, M. Lecce avait déclaré que le gouvernement allait demeurer à la table afin d’obtenir une entente négociée pour «garder les enfants en classe».

«C’est notre engagement, a-t-il dit. C’est ce qui nous guide, c’est ce pour quoi la population de l’Ontario nous a élus.»

Dimanche dernier, Doug Ford a affirmé n’avoir aucun regret en ce qui concerne le recours à la disposition de dérogation de manière préventive pour une période de cinq ans.

«Je n’ai pas de regret, a-t-il assuré. C’est dans la constitution.»

Selon le premier ministre, une grève des enseignants «est plus dévastatrice» que le recours à la disposition de dérogation.

«Garder les enfants à la maison, les envoyer chez leurs grands-parents, les employeurs qui nous appellent en disant qu’ils ont besoin de leurs employés, à mon avis c’est bien plus grave, a-t-il plaidé. Ça affecte l’ensemble de l’économie.»

Cette manière de minimiser l’importance du droit de grève irrite Laura Walton.

«C’est d’une stupidité, a-t-elle tranché. Soyons très clair, ce pays, cette province, ont été bâtis par des travailleurs qui exercent leurs droits – jamais par des politiciens qui les privent de ces droits.»