Il n’y aura pas de solutions faciles pour lutter contre la violence par armes à feu

MONTRÉAL — La Ville de Montréal et son service de police sont confrontés à une tâche colossale pour lutter contre la violence armée.

À l’issue du forum montréalais sur cette question, jeudi, tant la mairesse Valérie Plante que le directeur du corps de police de la métropole, Sylvain Caron, ont reconnu qu’il fallait agir à court, mais surtout à long terme pour s’attaquer à ce problème.

Ainsi, le directeur Caron a expliqué que le SPVM se devait d’investir davantage les réseaux sociaux, où la présence des armes à feu a littéralement explosé au cours des dernières années, particulièrement durant la pandémie. 

«Il y a des gens qui se sont retrouvés confinés et qui ont eu du temps devant eux pour occuper les réseaux sociaux», a fait valoir Sylvain Caron, tout en précisant que cette augmentation a plusieurs autres causes complexes.

Selon la sergente-détective Maya Alieh, responsable des cyber-enquêtes au SPVM, les dossiers d’armes à feu sur les réseaux sociaux, pratiquement inexistants en 2018, se sont multipliés depuis lors. Elle a ainsi fait part d’une augmentation de 68 %pour les trois premiers mois de 2022 comparativement à la même période en 2021. 

Cette présence des armes à feu sur le web, autrefois limitées au «dark web» plus difficile d’accès, se manifeste désormais sur les réseaux communs que sont Instagram, Snapchat, Facebook et YouTube. On y retrouve d’une part des jeunes qui s’exhibent avec des armes qu’ils glorifient, mais aussi des ventes d’armes à feu et des vidéos de crimes commis avec des armes. 

Le directeur Caron entrevoit ainsi le rôledu SPVM sur ces plateformes: «Le constat qu’on fait c’est qu’on doit être beaucoup plus présents (sur les réseaux sociaux), mais pas seulement présents en répression, mais présent également en prévention.

M. Caron s’est par ailleurs dit extrêmement inquiet de voir la montée des armes fantômes, ces armes fabriquées avec des imprimantes 3D, une nouvelle réalité qui a récemment fait son apparition dans la métropole. La culture de banalisation de la violence est également source de préoccupation chez tous les intervenants.

Sur le long terme, la mairesse Plante a fait valoir qu’il était essentiel d’investir dans le logement des quartiers les plus touchés, d’avoir des emplois intéressants pour les jeunes et des activités qui vont véritablement répondre à leurs besoins et surtout à leurs goûts. La logique de cette démarche est d’améliorer la qualité de vie et le parcours offert aux jeunes.

«La Ville de Montréal va continuer à travailler sur l’habitation, parce que c’est un des problèmes. Quand on parle des déterminants sociaux qui encouragent ou qui peuvent mener à la violence, à la criminalité, c’est l’habitation, l’insécurité alimentaire, c’est le fait d’avoir moins d’opportunités d’emploi, c’est la qualité des infrastructures sportives, des parcs. Tout est dans tout», a-t-elle martelé.

«Ce que l’on veut d’abord et avant tout, c’est de créer des milieux de vie où les jeunes sont motivés, ont des rêves et considèrent qu’ils peuvent participer pleinement à la vie en société.» 

«Le crime organisé change et nous aussi on change», a fait valoir la mairesse.

À cette fin, la Ville de Montréal annonce trois engagements, à commencer par la création d’un «fonds spécial jeunesse» de 2 millions $ sur deux ans, somme qui sera consacrée à des projets portés par et pour les jeunes. On parle notamment d’événements ou d’activités sociales, sportives et culturelles proposées par les jeunes, en collaboration avec les organismes communautaires.

En deuxième lieu, Montréal consacrera 5 millions $ de son budget participatif à compter de 2023 à des projets d’infrastructures, tels que des plateaux sportifs, des parcours pour vélos tout-terrain, des projets de ruelles vertes ou d’agriculture urbaine.

Enfin, 400 000 $ serviront à créer un service de ligne d’accompagnement téléphonique pour les familles et une campagne de promotion des ressources existantes en prévention de la violence.

Présent au forum, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a encore une fois été interpellé par Mme Plante, qui réclame depuis des lunes une loi pour bannir les armes de poing. Le ministre n’a toujours pas voulu s’engager sur cette voie.