La tempête Fiona s’abat sur les Îles-de-la-Madeleine et l’est du Québec

MONTRÉAL — La tempête post-tropicale Fiona force les Madelinots à limiter leur consommation d’eau potable, a indiqué le maire suppléant des Îles-de-la-Madeleine, le conseiller municipal Richard Leblanc, samedi. 

Les coupures d’électricité ne permettent pas de pomper autant d’eau que d’habitude, a-t-il expliqué. «Il vaut mieux économiser dès maintenant au cas où», a-t-il ajouté. 

La tempête post-tropicale Fiona a touché terre dans l’est du Canada samedi vers 4h, heure avancée de l’Atlantique (HAA), et affecte l’est du Québec. 

Des rafales de 126 km/h ont été enregistrées aux Îles-de-la-Madeleine par Environnement Canada, samedi. L’agence avertit que les vents diminueront d’intensité au cours de la nuit de samedi à dimanche. 

Fiona se trouvait sur l’est du golfe du Saint-Laurent à 15h HAA, fait savoir Environnement Canada dans son dernier bulletin. 

Ce type de tempête cause toujours un fort ressac, précise l’agence. Les vagues peuvent atteindre 12 m dans la partie est du golfe et 8 m dans l’ouest. 

Les Îles-de-la-Madeleine connaîtront aussi une certaine érosion des côtes en raison des vagues, prévient Environnement Canada. 

De fortes pluies se sont également abattues sur l’est du Québec. En milieu d’après-midi, Environnement Canada enregistrait une quantité de 92 mm aux Îles-de-la-Madeleine. 

«Restez chez vous» 

Il est interdit de circuler sur la route 199 et le réseau routier aux Îles-de-la-Madeleine, qui sont complètement fermés à la circulation depuis samedi matin en raison des effets de la tempête, a annoncé très tôt samedi matin M. Leblanc.  

«Il y a beaucoup d’entraves sur le chemin. Il y a des arbres. Il y a des pierres. Il y a des matériaux qui se sont envolés. Il y a des débordements, des inondations. C’est pour ça qu’on vous demande d’éviter d’emprunter la route ce matin. On vous demande d’éviter tout déplacement», précise-t-il d’entrée de jeu en conférence de presse.

En fin d’après-midi, le maire suppléant a confirmé que les routes demeuraient fermées jusqu’à nouvel ordre. Il demande aux Madelinots de rester chez eux. 

Le ministère des Transports du Québec indique avoir procédé au retrait de débris sur la route 199 et que, si les conditions sont réunies, une réouverture de la route est espérée au cours de la nuit. 

La municipalité des Îles-de-la-Madeleine avait déclaré l’état d’urgence vendredi soir. 

Samedi, 22 sinistrés ont été pris en charge aux Îles-de-la-Madeleine, selon M. Leblanc. Le centre d’hébergement va rester ouvert, a-t-il ajouté en fin de journée, même si aucun nouveau sinistré n’a été à déplorer en après-midi. 

«On a fait des évacuations depuis ce matin, dès les premières heures du matin, surtout dans le secteur de La Grave et de La Pointe de Havre-aux-Maisons», a précisé M. Leblanc qui a demandé aux citoyens qui ne se sentent pas en sécurité de communiquer avec le 911.

M. Leblanc demande aux Madelinots de signaler toute fuite d’eau à la municipalité, car «beaucoup de bâtiments ont bougé et des conduites d’aqueduc ont peut-être été fragilisées». Il n’a cependant pas été en mesure de chiffrer les dommages, samedi. 

Câble sous-marin endommagé

Un des deux câbles de télécommunications qui relient les Îles-de-la-Madeleine au continent, le COGIM 1, a été endommagé par la tempête. 

«Selon notre télémétrie, c’est à 14 km des berges qu’il semblerait y avoir une coupure», a mentionné Nicholas Payant, vice-président, connectivité et fiabilité, chez Bell. 

Il a néanmoins assuré que les services sont 100 % fonctionnels, le deuxième câble, le COGIM 2, ayant pris le relais. 

Ces deux câbles, gérés par le Réseau intégré de communications électroniques des Îles-de-la-Madeleine (RICEIM) et longs de 225 km, relient les îles à la Gaspésie. Le COGIM 1 a déjà subi des bris dans les dernières années. 

«Dans l’éventualité où (le COGIM 2) aurait aussi un problème, c’est le lien micro-ondes qu’on a vers le Cap-Breton qui prendrait la relève, a-t-il spécifié. Les îles ne seront pas isolées, la communication restera établie.»

Ce lien de communication micro-ondes a été mis en place par Bell et le gouvernement du Québec l’année dernière. 

M. Payant a ajouté qu’il n’y a pas de perte de service pour les clients de Télébec et de Bell Mobilité. Des génératrices ont été déployées où il y a eu des pertes de courant. 

Pannes d’électricité

Selon le site Web Info-Pannes, plus de 4000 clients sont privés d’électricité dans la région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine samedi en fin d’après-midi. 

L’accalmie de vents forts a permis à Hydro-Québec de rétablir le courant à quelques endroits, alors que plus de 7000 abonnés n’avaient plus d’électricité samedi matin. 

«Nos monteurs ont pu lors des travaux de sécurisation faire quelques manœuvres sur le réseau pour rétablir les clients. On avait même débuté à replanter des poteaux», explique la conseillère aux communications d’Hydro-Québec, Ariane Doucet-Michaud, en fin d’après-midi. 

Une dizaine d’équipes d’Hydro-Québec s’affaire sur le terrain pour cibler les endroits prioritaires et effectuer des réparations dès que les vents tombent. 

«Par contre, on le sent, là, que le vent se lève et qu’on va retomber dans la deuxième séquence de vents forts et de rafales. Les monteurs, pour assurer leur sécurité, vont sûrement demeurer au sol et effectuer de la patrouille», ajoute-t-elle. 

Dégâts

Les vents et l’onde de tempête ont causé de nombreux dégâts aux Îles-de-la-Madeleine, samedi matin. En plus des bris sur le réseau d’Hydro-Québec, des bâtiments situés sur la côte ont été endommagés. 

Des chalets à La Martinique ont notamment été balayés par la tempête. L’auberge de jeunesse Paradis Bleu, à Fatima, est entourée d’eau et a annoncé samedi matin que ses clients et employés avaient été évacués par précaution. À Cap-aux-Meules, plusieurs pêcheurs surveillaient leurs navires solidement amarrés. 

«L’église de L’Étang-du-Nord qui a perdu la toiture, ce sont des choses impressionnantes qu’on n’est pas habitué à vivre», souligne une résidante de L’Étang-du-Nord, Anne-Marie Potvin, qui vit aux Îles-de-la-Madeleine depuis un an et demi. 

Elle s’estime chanceuse d’être dans une zone épargnée, plutôt à l’abri sur l’île du Cap-aux-Meules. 

«Là, on est comme un peu dans l’œil de l’ouragan, on peut dire que la situation s’est quand même calmée, mais ça commence à reprendre un peu d’ampleur. Ce n’est pas terminé du tout», observait-elle peu avant 14h, heure locale. 

Indemnisation

Le conseiller en sécurité civile au ministère de la Sécurité publique, Félix Caron, encourage les Madelinots à se tourner dans un premier temps vers leur assureur pour les dommages assurables, comme ceux liés au vent. 

«Mais tout ce qui n’est pas admissible aux compagnies d’assurance, on pourra regarder dans le programme général d’indemnisation pour, entre autres, les dommages causés par l’eau», précise M. Caron. 

Le premier ministre François Legault a confirmé samedi que Québec dédommagera les résidants des Îles-de-la-Madeleine. Le programme devrait ressembler à celui qui avait mis en place pour les sinistrés des inondations de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a prévu de se rendre aux Îles-de-la-Madeleine dimanche, si les conditions le permettent. 

Ailleurs au Québec

D’autres régions de l’est du Québec sont touchées par la tempête post-tropicale Fiona ce samedi. 

Des vents forts, avec des rafales atteignant 90 km/h, ont balayé la côte gaspésienne samedi matin. 

La municipalité de Percé a dû fermer samedi matin une portion de la route 132 en raison de poteaux d’Hydro-Québec tombés. Elle a été rouverte à la circulation peu en début d’après-midi. 

Quelque 26 interruptions de service sont signalées en Gaspésie sur le site Info-Pannes, touchant plusieurs milliers de clients d’Hydro-Québec. 

Selon plusieurs images partagées par d’autres médias, le château Dubuc, un immeuble patrimonial de Chandler, n’a pas résisté à la tempête. Le bâtiment de 1916, reconnu pour sa valeur architecturale, était déjà menacé par les grandes marées. 

Malgré plusieurs appels à son sauvetage, notamment par Patrimoine Gaspésie et la députée locale Méganne Perry Mélançon, la ministre de la Culture Nathalie Roy avait jugé le bâtiment «condamné» à cause des grandes marées qui y avaient pénétré en 2019.

Selon le dernier bulletin d’Environnement Canada, le système devrait se diriger vers le nord dans la nuit pour atteindre la Basse-Côte-Nord. 

Des vents de 102 km/h ont notamment été enregistrés à Blanc-Sablon, à la limite de la province de Terre-Neuve-et-Labrador, et de 105 km/h à la Pointe-Heath, sur l’île d’Anticosti. 

Des inondations côtières sont possibles dans tout l’estuaire du Saint-Laurent et sur la Basse-Côte-Nord. Le plus grand risque immédiat d’inondations se produira pendant les marées hautes de samedi, ajoute l’agence. Elles sont prévues à 8h23 et 21h58 aux Îles-de-la-Madeleine et à 9h08 et 21h37 à Blanc-Sablon, heures locales.