Les Brigades culinaires stimulent l’appétit de la cuisine chez les jeunes

MONTRÉAL — Bien qu’elle se soit invitée dans nos assiettes depuis déjà quelques années, l’inflation n’a pas fini de faire grimper le prix des aliments. Ce faisant, les cuistots de demain doivent apprendre à composer avec cet ingrédient indésirable, ce que la Tablée des chefs réalise avec ses Brigades culinaires.

Implantées dans près de  250 écoles secondaires québécoises et dans une trentaine d’autres au Canada, les Brigades culinaires aident les adolescents de 12 à 17 ans à apprendre diverses techniques culinaires, le tout pour les aider à développer une certaine autonomie en matière d’alimentation, à développer de saines habitudes alimentaires, mais aussi à préparer, avec plaisir, des recettes abordables, équilibrées et qui réduisent le gaspillage alimentaire.

«Développer l’autonomie alimentaire des jeunes, c’est essentiel, croit le fondateur et directeur général de la Tablée des chefs, Jean-François Archambault. À tout âge, il faut encourager un contact positif avec la nourriture, que ce soit vers 2 ans, à leur montrer comment casser un œuf, les amener dans un jardin pour leur expliquer que les légumes y poussent…»

C’est parce qu’ils seront de plus en plus susceptibles de préparer leurs propres repas en vieillissant que les jeunes du secondaire sont visés par les Brigades culinaires. «Même si c’est juste de te réchauffer ton repas ou de te faire un lunch, c’est comme ça qu’on peut commencer à apprendre, indique M. Archambault. Déjà, de savoir quoi faire avec peu, d’avoir un minimum de connaissances, de cuisiner des nouveaux aliments, ce sont des notions qui vont être utiles.»

Avec l’inflation, ces connaissances de base sont encore plus primordiales. «Ça peut être d’apprendre à remplacer un aliment dans une recette parce que celui qu’on voulait acheter était trop cher, parce qu’il n’était pas accessible, explique le chef. Ça permet de créer de nouvelles combinaisons, de nouvelles recettes.»

«Même si on n’a en moyenne que 25 jeunes par école qui participent au programme, ils deviennent des ambassadeurs auprès des autres élèves et de leur entourage. Ils vont en intéresser d’autres à la cuisine, les sensibiliser à l’importance de ne pas gaspiller», poursuit l’instigateur du projet qui comble, en quelque sorte, une partie du vide laissé par l’abandon des cours d’économie familiale.

C’est d’ailleurs dans des locaux où était prodiguée cette formation domestique, il y a jusqu’à quelques années, que les brigades œuvrent. «On remet les locaux au goût du jour et on les équipe», mentionne M. Archambault.

Dans le milieu public, chaque école doit débourser 2000 $ pour s’inscrire au programme, dont la facture par établissement est environ de 12 000 $. La moitié du montant restant est subventionné par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, et le reste est divisé entre les nombreux partenaires des Brigades culinaires. La nourriture représente environ 25 % des dépenses du programme, par école.

En croissance

L’objectif de la Tablée des chefs est d’offrir ce programme parascolaire dans toutes les écoles secondaires de la province d’ici cinq ans, indique son fondateur et directeur général.

«On est très confiants d’atteindre cet objectif, puisqu’on poursuit notre croissance en entrant dans 25 à 30 nouvelles écoles chaque année, indique-t-il en entrevue. On a commencé dans les milieux les plus défavorisés, et même maintenant, on a des écoles privées qui demandent à adhérer au programme des brigades.»

«Pour moi, l’étape suivante, c’est quand on sera dans les 400 écoles, on va avoir environ 8000 jeunes inscrits aux brigades, calcule M. Archambault. Ça va être extrêmement puissant, parce qu’on va avoir donné des outils à des jeunes pour influencer le changement, aussi bien chez d’autres jeunes qu’à leurs parents sur les enjeux d’achat local, de gaspillage alimentaire ou d’agriculture à la maison. C’est ça qui me stimule.»

Ce ne sont pas tous les jeunes brigadiers qui se découvriront une vocation culinaire, mais certains ont déniché en eux la fibre de la cuisine. M. Archambault fait notamment référence à David Giroux, qui opère un service de traiteur et qui a fait partie de la plus récente cohorte de l’émission Les Chefs!

«Il était sur le point de décrocher quand on a implanté la brigade dans son école. Il dit lui-même qu’il est un produit de la Tablée des chefs!» raconte fièrement le fondateur.

«Ce ne sont pas tous les jeunes qui vont s’en aller en restauration, mais si on ne fait que les aider à se sentir plus à l’aise de faire à manger, de découvrir et de faire découvrir des aliments, alors, on sera tous gagnants», renchérit-il.

Parlant de gagner, un volet de compétition amicale permet aussi aux différentes brigades du pays de se mettre à l’épreuve. Ce samedi, la grande finale de l’événement, animée par Ricardo Larrivée, chef, animateur et porte-parole de la Tablée des chefs, couronnera la meilleure brigade culinaire du Canada.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.