Les États-Unis s’inquiètent des «super laboratoires» de fentanyl au Canada
WASHINGTON — La dernière évaluation des menaces de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis indique que les «super laboratoires» de fentanyl au Canada sont une source d’inquiétude croissante.
Le président américain Donald Trump a utilisé le trafic transfrontalier de cette drogue mortelle pour justifier l’imposition de droits de douane sur les importations de produits canadiens.
Le rapport annuel publié cette semaine indique que, bien que le volume estimé de fentanyl en provenance du Canada soit considérablement inférieur à celui entrant aux États-Unis en provenance du Mexique, «ces opérations ont le potentiel de s’étendre et de combler tout manque d’approvisionnement créé par les perturbations de la production et du trafic de fentanyl provenant du Mexique».
La DEA souligne que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a démantelé un laboratoire sophistiqué en Colombie-Britannique en octobre dernier.
Robert Murphy, administrateur par intérim de la DEA, a écrit jeudi dans un communiqué de presse que «le rapport de cette année témoigne des progrès réalisés dans la lutte contre le fentanyl et souligne également les défis croissants auxquels nous sommes confrontés face à l’évolution de la crise des drogues synthétiques».
Il a ajouté que «le frelatage du fentanyl avec des produits chimiques très puissants et dangereux nous rappelle que ce combat est loin d’être terminé.»
Donald Trump a invoqué la Loi sur les pouvoirs économiques en cas d’urgence internationale (IEEPA) pour déclarer l’état d’urgence concernant le trafic de fentanyl afin d’imposer des droits de douane au Canada en mars. Il a suspendu partiellement ces droits quelques jours plus tard pour les importations conformes à l’Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
Le Canada est également frappé de droits de douane sur l’acier, l’aluminium et les automobiles.
Le Canada a réagi rapidement après la menace initiale de droits de douane de M. Trump à la fin de l’année dernière, en présentant un plan frontalier de 1,3 milliard $ et en nommant un «tsar du fentanyl». Ottawa a annoncé la création d’une force de frappe conjointe Canada-États-Unis et déployé des hélicoptères et des drones supplémentaires le long de la frontière.
Le rapport de la DEA du printemps 2025 indique qu’environ 22 kg de fentanyl «d’origine canadienne» avaient été saisis à la frontière canado-américaine durant l’année 2024, tandis que 9222 kg l’ont été à la frontière américano-mexicaine.
On ignore si la DEA a utilisé les données du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis pour son analyse. L’agence n’a pas répondu lorsqu’on lui a demandé si la totalité du fentanyl cité dans le rapport provenait du Canada ni pourquoi elle avait choisi d’inclure le Canada dans son plus récent rapport.
Le Canada n’a pas été mentionné une seule fois dans l’évaluation de la menace liée à la drogue de 2024 de la DEA. Un rapport de mars du Bureau du directeur du renseignement national ne mentionnait pas non plus le Canada dans ses informations sur la menace du fentanyl.
La GRC a déclaré en mars qu’«il n’existe que peu ou pas de preuves ou de données provenant des forces de l’ordre des États-Unis ou du Canada pour étayer l’affirmation selon laquelle le fentanyl produit au Canada constitue une menace croissante pour les États-Unis».
Le président Trump a d’abord invoqué le trafic de fentanyl pour justifier l’imposition de droits de douane au Canada, mais sa liste de griefs s’est rapidement allongée pour inclure les déficits commerciaux et les dépenses de défense, pendant qu’il réclamait l’intégration du Canada aux États-Unis.
Le président a adouci son ton à l’égard du Canada ces dernières semaines, notamment après une rencontre avec le premier ministre Mark Carney à la Maison-Blanche. Lundi, en parlant du fentanyl entrant aux États-Unis, M. Trump a admis que le trafic se faisait «beaucoup plus par la frontière sud».