Logement abordable: Valérie Plante veut toujours plus d’argent, selon Chantal Rouleau

QUÉBEC — «Madame Plante veut toujours plus d’argent.»

C’est ainsi que le gouvernement Legault a écarté les récriminations de la mairesse de Montréal qui réclame davantage de financement pour le logement abordable, au lendemain du budget déposé par le ministre Eric Girard.

Québec dit notamment attendre de régler des ententes de financement avec le fédéral pour faire débloquer de nombreux projets.  

«Je suis obligée de dire que le gouvernement a fait le choix d’ignorer la crise du logement», a déclaré mercredi la mairesse Valérie Plante. D’autres maires et l’opposition ont ajouté leur voix à ses critiques: 1500 nouveaux logements sur six ans, c’est trop peu, a dénoncé l’opposition libérale. 

En riposte, la ministre de la Solidarité sociale, Chantal Rouleau, la seule ministre caquiste sur l’île de Montréal, a déclaré: «Madame Plante veut toujours plus d’argent, mais là, il y a beaucoup d’argent et il y a des logements à construire.»

Elle faisait ainsi écho par ailleurs à la sortie du premier ministre François Legault, qui a reproché le matin même aux municipalités de prendre trop de temps pour mettre en chantier les projets.

En commission parlementaire pour l’étude des crédits budgétaires, la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a toutefois reconnu que le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) mis sur pied par le gouvernement comporte lui-même des lacunes à corriger.

«Il y a des choses à modifier, ça va être corrigé dans les prochaines semaines avec une version 2», pour mieux répondre aux promoteurs communautaires et privés.

Il y a plus de 37 000 ménages en attente de logement social au Québec, selon des données récentes.  

Mme Duranceau a confirmé que 6570 logements sont actuellement à diverses étapes de planification. Le budget déposé mardi permettra d’en réaliser 3300.

Elle a rappelé que le gouvernement caquiste a investi 3,8 milliards $ depuis 2018 et a souligné que le budget déposé mardi ajoutait 1 milliard $ dans la cagnotte. 

«C’est un acte de foi d’avoir remis un autre milliard de dollars», a-t-elle plaidé.

Mais pour financer «une bonne partie» des projets encore en arrérages, le gouvernement Legault attend d’arriver à une entente avec le fédéral pour obtenir sa part de la phase  3 de l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL), a-t-elle ajouté.

Une part de «plusieurs milliards», a tenu à préciser la ministre, questionnée par la députée libérale de Mille-Îles, Virginie Dufour. 

Mais au-delà de l’argent, il y a un problème d’efficacité à régler, a laissé entendre la ministre.

«Le manque d’efficience, oui, ça coûte plus cher», a-t-elle dit concernant les organismes qui sont les promoteurs des projets. 

«Comme dans n’importe quoi, il y a des gens qui sont hyperperformants et il y a des gens qui sont moins performants. Moi, je veux continuer de travailler avec les gens qui sont performants.»

«La réponse de la ministre laisse entendre que des organismes qui ont participé à la construction de centaines de logements ne sont peut-être pas efficaces, alors que c’est un enjeu de financement», a relevé la députée Virginie Dufour.

Le milliard de dollars annoncé par le ministre Eric Girard mardi est étalé sur six ans. Un montant de 650 millions $ est alloué à la construction de 1500 nouveaux logements. 

Les 350 millions $ restants seront alloués avec les fonds de l’ICRL pour financer 450 logements et pour accélérer la construction de 3300 logements en attente d’être construits dans l’ancien programme Accès-Logis.