Offre bonifiée du Trésor: des primes prolongées au-delà du 30 mars

MONTRÉAL — Les primes versées au personnel infirmier, qui doivent prendre fin jeudi prochain, seraient prolongées au moins jusqu’en juin.

C’est la principale nouveauté des propositions que le Conseil du trésor a faites, lundi, aux syndicats du secteur public, alors qu’il déposait une nouvelle offre destinée aux employés de l’État.

Le 30 mars en effet plusieurs primes doivent prendre fin, notamment une prime de 3 % versée à l’ensemble des professionnelles en soins. Doivent aussi prendre fin le 30 mars une prime de nuit de 2,5 % et une prime de soir de 4 %, versées à celles qui travaillent à temps complet dans des centres 24/7.

En entrevue, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), Julie Bouchard, avait déjà tiré la sonnette d’alarme, il y a quelques jours, craignant les répercussions de la fin de ces primes pour les infirmières qui verraient alors leur rémunération réduite.

«Juste la prime de 3,5 %, c’est peut-être autour de 5000 $ par année» par professionnelle en soins — tout dépendant de l’échelon salarial auquel elle se trouve, avait-elle illustré.

Cette prime de 3,5 % est versée aux infirmières, aux infirmières auxiliaires, aux inhalothérapeutes, aux perfusionnistes cliniques.

Si ces primes devant prendre fin le 30 mars ne sont pas prolongées, «ce qui risque d’arriver, c’est peut-être de voir un vacuum, justement, des professionnelles en soins qui, au lieu de demeurer sur des postes avec des quarts défavorables, voudront plutôt aller vers des postes de jour. Ça risque de créer un trou encore beaucoup plus important qu’actuellement», avait prévenu Mme Bouchard.

Ces primes seraient donc prolongées jusqu’en juin, a fait savoir le Conseil du trésor, dans un communiqué. «Une réévaluation de la situation sera effectuée en juin prochain, selon l’avancement des négociations en cours.»

Québec a aussi réitéré le fait qu’il veut mieux rémunérer les psychologues du réseau, qui accusent un retard à ce chapitre face au secteur privé.

En déposant sa nouvelle offre, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, s’est faite pressante. «Il y a urgence d’agir, car l’été est une période critique dans le réseau de la santé et nous voulons être prêts pour la rentrée scolaire 2023. Ces offres bonifiées sont un signal clair aux syndicats que nous pouvons et voulons régler le plus vite possible afin de passer à l’action.»

«Nous souhaitons, toutes et tous, que le gouvernement soit un employeur de choix. Or, pour y arriver, nous devrons, ensemble, accélérer la cadence aux tables et participer activement au réaménagement de l’organisation du travail, un élément central de la ronde actuelle de négociations. J’espère donc obtenir un retour rapide et constructif de la part des syndicats sur ces propositions», a-t-elle ajouté.

Le front commun intersyndical, de son côté, a dit prendre acte de cette offre bonifiée et voulait prendre le temps de l’étudier avant de commenter plus à fond.

Il précise que «pour avoir un portrait complet de cette nouvelle proposition du gouvernement, il faudra attendre de voir le contenu des dépôts sectoriels qui seront présentés aux différentes tables au cours des prochaines semaines».

Les dépôts «sectoriels» touchent les conditions de travail dans les «secteurs», par exemple en éducation et en santé.

Tout comme la ministre LeBel, le front commun, qui est constitué de la CSQ, de la CSN, de la FTQ et de l’APTS, se dit prêt à négocier en tout temps. Il a déjà dénoncé le fait que le rythme des négociations n’était pas assez soutenu.