On ne sait toujours rien de l’enquête des inspecteurs provinciaux sur Marineland

TORONTO — Deux mois après la découverte par La Presse Canadienne que 14 baleines et un dauphin étaient morts au cours des dernières années à Marineland, le gouvernement ontarien refuse toujours de rendre publiques les mesures prises pour améliorer la sécurité des animaux dans ce populaire parc d’attractions de Niagara Falls.

En août dernier, La Presse Canadienne a obtenu, grâce à la Loi sur l’accès à l’information, une liste des morts de mammifères marins, créée par le ministère du Solliciteur général.

Alors que Marineland est maintenant fermé pour la basse saison touristique, le gouvernement ne dévoile pas grand-chose de son enquête en cours sur le parc. Cette enquête avait débuté lorsque le gouvernement a pris en charge, au sein du ministère du Solliciteur général, l’application des lois sur la cruauté envers les animaux, confiée jusque-là à la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA).

Or, le ministère du Solliciteur général n’a toujours pas révélé les résultats de l’enquête de sa Direction des services relatifs au bien-être des animaux, notamment les causes du décès de ces 15 mammifères marins en captivité.

Le solliciteur général, Michael Kerzner, n’a pas répondu aux questions de La Presse Canadienne sur les mesures prises par les inspecteurs à Marineland ou sur ce que les critiques ont qualifié de «manque de transparence» dans ce dossier.

«Il y a eu un certain nombre de visites à Marineland au cours des dernières années et nous avons pleinement confiance dans nos inspecteurs et dans la législation en vigueur», a répété en septembre M. Kerzner.

Dans un courriel de suivi envoyé par son cabinet en octobre, la porte-parole du ministre, Chelsea McGee, a répondu que le ministère n’était pas en mesure de fournir davantage d’informations «en raison de l’inspection en cours».

Reprendre Marineland?

Wayne Gates, député néo-démocrate de Niagara Falls, a qualifié de «troublante» la mort de ces mammifères marins et il estime que «le gouvernement devait agir» dans ce dossier. «Marineland doit être tenu responsable» de ses actes, a-t-il déclaré.

Le chef libéral par intérim, John Fraser, se demande pourquoi la mort de ces bêtes, «incroyable et préoccupante», n’a pas été connue plus tôt.

Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, a carrément demandé au gouvernement de fermer immédiatement Marineland. «La province doit en assumer la gestion parce que la direction actuelle de Marineland ne peut pas s’en charger», a-t-il estimé.

Tous les mammifères marins décédés, sauf deux, étaient des bélugas. Douze des décès de bélugas sont survenus au cours d’une période de deux ans, entre octobre 2019 et novembre 2021. Les trois autres décès sont survenus cette année, dont celui de «Kiska», le dernier épaulard en captivité au Canada.

Durant cette période, les autorités provinciales avaient fait part de leurs inquiétudes quant à la qualité de l’eau des bassins au parc et ont conclu que tous les mammifères marins étaient en détresse. Le gouvernement a demandé au parc en mai 2021 de remédier à son problème d’eau, une ordonnance dont Marineland a fait appel, affirmant que ses animaux n’étaient pas en détresse.

Marineland n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaires sur la santé de ses animaux, mais affirme sur son site internet que le parc affiche un «solide bilan» en matière de bien-être de ses animaux et qu’il «continuera à donner la priorité à leur santé et à leur bien-être». 

Au printemps, le ministère a déclaré qu’il s’était rendu à Marineland plus de 160 fois jusque-là, mais on ne sait pas s’il y est retourné par la suite. 

Phil Demers, un ancien entraîneur à Marineland, qui a démissionné en dénonçant la condition des mammifères marins dans le parc, estime que le gouvernement doit agir. 

«Toutes ces baleines sont mortes sous la surveillance des autorités de la province, qui étaient censées améliorer la vie des animaux à Marineland et ailleurs, mais elles échouent manifestement, a-t-il déclaré. C’est juste la même vieille histoire, où tout le monde se renvoie la balle.»