Bromont et Lac-Brome se présentent devant le comité consultatif sur la réalité policière

SÉCURITÉ PUBLIQUE. Le maire de Bromont, Louis Villeneuve, le maire de Lac-Brome, Richard Burcombe, et le directeur général de Lac-Brome, Gilbert Arel, se sont présentés devant le comité consultatif sur la réalité policière, la semaine dernière, dans le cadre des audiences publiques, pour plaider leur projet de desserte policière commune.

Le maire Burcombe a expliqué l’insatisfaction d’une partie de sa population envers les services que Lac-Brome obtient de la part de la Sûreté du Québec (SQ).

«Les citoyens sont insatisfaits depuis longtemps des services obtenus par la Sûreté du Québec, a relaté le maire qui a été policier pendant 32 ans à Lac-Brome, dont cinq comme directeur, et 11 ans à la SQ. Rien à redire sur les policiers provinciaux, ils font leur travail au meilleur de leur capacité, mais la Ville de Lac-Brome n’obtient pas les services pour lesquels elle paie, depuis quelques années, près de 2 M$. C’est inéquitable.»

Selon une analyse faite par les deux villes, le fait que le Service de police de Bromont vienne couvrir le territoire de Lac-Brome permettrait d’engendrer d’importantes réductions de coûts pour les deux municipalités.

«Les deux municipalités ont beaucoup à gagner en termes de budget, a déclaré le maire Villeneuve. À Bromont, on croit économiser entre 800 000 $ et 1 M$ et environ 400 000 $ à Lac-Brome. On pense qu’à ce niveau-là, c’est gagnant-gagnant.»

«Alors que les citoyens de Lac-Brome paient chacun 351 $ en 2018 pour être desservis par la Sûreté du Québec, les citoyens des 140 municipalités faisant partie de cette étude-là ont payé en moyenne 126 $ chacun, a ajouté le directeur général, Gilbert Arel. C’est une différence de plus de 250 % de plus pour les citoyens de Lac-Brome. C’est inéquitable et donc inacceptable.»

Services

Selon le maire Richard Burcombe, la ville de Lac-Brome n’obtient pas un bon service de la SQ à l’heure actuelle.

«Le problème ne se limite pas à une simple question financière, a affirmé M. Burcombe. Parlant de la qualité des services, on reçoit chaque année depuis près de 20 ans maintenant des plaintes de nos citoyens au sujet de la Sûreté du Québec. Les temps de réponse sont atrocement longs.»
«Lac-Brome est une immense municipalité, a-t-il ajouté. On couvre 223 km2 de superficie. La SQ a deux auto-patrouilles pour couvrir les 20 municipalités de Brome-Missisquoi, qui est de 1 567 km2, quand on enlève le territoire de Bromont.»

Villes voisines

Lors de leur rencontre avec le comité, les maires et le directeur général ont tenté d’expliquer la proximité entre les deux villes, les décrivant comme des sœurs.

«Comme vous savez, nous sommes deux municipalités, une avec son lac et l’autre avec sa montagne, a indiqué Richard Burcombe. Nos deux municipalités ont plusieurs points en commun. On a un noyau urbain, des secteurs ruraux, des activités commerciales et industrielles et aussi des activités sportives et récréotouristiques et aussi culturelles.»

«Nous sommes deux municipalités interreliées, a affirmé de son côté Louis Villeneuve. On pense que le projet qu’on vient présenter ce matin comme je l’ai dit à [l’actuel premier ministre, François] Legault en campagne électorale a du gros bon sens.»

Pour sa part, Gilbert Arel a souligné que les deux municipalités partagent déjà beaucoup de services entre elles.

«Les municipalités partagent plein de services, on parle de la culture, des loisirs, des services incendie, a-t-il énuméré. C’est une philosophie qui est déjà en place. D’ailleurs, le ministère encourage les villes à créer des ententes intermunicipales. Il a des programmes de subvention qui existent en ce sens-là. Pourquoi ne pas fermer la boucle et y inclure les services policiers?»

Service de proximité

Un des points qui a été abordé lors de la séance était axé sur le fait que les policiers de Bromont sont impliqués dans la vie communautaire.

«On a 22 agents ici à Bromont, a indiqué Louis Villeneuve. On jouit d’une excellente réputation, sauf peut-être les gens qui font des excès de vitesse ou ne font pas leurs arrêts. On peut dire qu’on a un service de police de proximité et communautaire.»

Plusieurs activités organisées par la police pourraient inclure très facilement Lac-Brome, croit M. Villeneuve.

«Sincèrement, on a beaucoup d’activités de prévention dans les écoles, on fait des partenariats avec des organismes communautaires, a-t-il relaté. Les policiers sont toujours présents aux activités sportives ou culturelles. On a le déjeuner du chef de police, un café avec les policiers, on est très axés autour du concept de police communautaire. Je peux vous assurer que toutes ces activités-là resteront en place lorsqu’on desservira Lac-Brome et ça, sans coût supplémentaire.»

Le projet a également la cote auprès de la population, d’après un sondage effectué il y a deux ans.

«On a un appui à ce projet-là qui est sans équivoque, a déclaré M. Villeneuve. En 2018, il y a eu un sondage qui a été fait auprès de 600 citoyens des deux municipalités. On apprend dans ce sondage-là que les citoyens sont satisfaits de leur service de police à 90 % tandis qu’à Lac-Brome, c’est 60 % [pour la SQ]. À la question qui demandait s’ils seraient d’accord ou non à ce que la police de Bromont desserve la ville de Lac-Brome, les résultats étaient de 69 % à Lac-Brome et 78 % à Bromont.»

Historique des services de police à Lac-Brome

Le Service de police de Lac-Brome a été démantelé en 2002.

«Comme plusieurs autres municipalités, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la police, on a dû prendre une décision très difficile, a rappelé le maire de Lac-Brome, Richard Burcombe. Des calculs ont été faits à l’époque et la conclusion était évidente: on ne pouvait investir assez d’argent pour augmenter le niveau de nos services. On avait un budget en 2001 de 775 000 $. On nous demandait de l’augmenter à 1 350 000 $. C’était impossible.»

Lac-Brome avait alors tenté de former une régie de police avec les villes de Cowansville et de Bromont, chose qui a été refusée par le ministère de la Sécurité publique à l’époque.

«Il n’y avait qu’une option, c’était la Sûreté du Québec pour 1,1 M$ par année, a rapporté M. Burcombe. On ne nous a pas donné d’autres choix.»

Le projet de desserte policière commune entre Bromont et Lac-Brome ne date pas d’hier.

«Les discussions entre les deux villes datent de 2004, mais les plus récentes ont débuté en 2016, a relaté M. Burcombe. On s’est entendus sur un partage des coûts. Ça va occasionner des économies substantielles pour les deux villes et une grande amélioration du service pour Lac-Brome. On est convaincus que c’est une excellente offre de partenariat.»