Christian Mbilli a compliqué la tâche de son promoteur face à Carlos Gongora

MONTRÉAL — Une fois la poussière retombée après l’épique duel entre Christian Mbilli et Carlos Gongora, le vrai travail commencera pour Camille Estephan, le promoteur du Montréalais d’origine française.

C’est qu’en l’emportant par décision unanime au terme de ce qui pourrait bien être un candidat au combat de l’année sur la scène internationale, Mbilli (24-0, 20 K.-O.) a causé bien des maux de tête au grand patron d’Eye of the Tiger Management.

«Il n’y a plus personne qui va vouloir monter dans le ring avec lui», a laissé tomber Estephan dans l’arrière-scène du Cabaret du Casino de Montréal, aux petites heures de la nuit, vendredi.

«(Mbilli) s’est fait faire mal, même très mal, et il a continué. Carlos Gongora, c’est un des meilleurs boxeurs qu’on a vus au Québec comme adversaire et Christian l’a démoli.

«Un combat plus difficile que ça, il n’y en a pas, à part des combats de championnat du monde, a poursuivi Estephan. On a des plans. On veut se mettre dans une position où on va être aspirant no 1; on cherche une position d’aspirant obligatoire. On va voir ce qui va se passer samedi entre David Benavidez et Caleb Plant. On va contacter les organismes de sanction ensuite.»

Son entraîneur, Marc Ramsay, croit de son côté que c’est clair: Mbilli est rendu aux grosses pointures de la division.

«Si ce n’est pas Gongora, qui on affronte? John Ryder? (Lerrone) Richards, qui a battu Gongora de façon très serrée (décision partagée) en Angleterre? Daniel Jacobs? Je pense qu’il est ailleurs dans sa carrière. Il n’y a pas énormément de noms. On est là.»

Une chose est claire, Mbilli pourra prendre le temps de refaire le plein après cette guerre de 10 rounds.

«Ce qu’on voulait vraiment faire, c’est laisser un bon ‘break’ à Christian, probablement jusqu’en septembre ou octobre, a expliqué Ramsay. On va voir comment les morceaux du casse-tête vont tomber.»

Un premier va se mettre en place samedi, à Las Vegas, où sera mis en jeu le titre intérimaire du WBC des super-moyens de Benavidez. Une autre pièce tombera le 6 mai, quand Saul «Canelo» Alvarez mettra ses quatre titres de super-moyens en jeu contre le champion intérimaire de la World Boxing Organization (WBO), John Ryder, à Zapopan, au Mexique.

Estephan et Mbilli, qui a conservé ses ceintures Continentale du World Boxing Council (WBC) et Internationale de la World Boxing Association (WBA) face à Gongora (22-2, 16 K.-O.), ne seront pas à Las Vegas, samedi, mais ils comptent assister au gala Alvarez-Ryder.

«Nous avons un gala au Mexique le 5, à Guadalajara. Ce n’est pas très loin, a noté Estephan. Et on va dire à Canelo Alvarez qu’on l’attend. Là, on a mérité le droit de le dire. Le monde entier a vu ça: le gala (de jeudi) a été retransmis dans 42 pays. On ne pouvait pas choisir un meilleur moment en raison du timing du combat Benavidez-Plant.»

Kean convaincant

Un autre boxeur d’EOTTM jouait gros jeudi. Le poids lourd Simon Kean avait tout à perdre face à Eric Molina, un boxeur qui venait de perdre par K.-O. dans trois de ses cinq dernières sorties.

C’est un Kean méthodique avec un jab version améliorée qui a foulé le ring du Casino. Beaucoup moins échevelé qu’on ne le voit habituellement, Kean a travaillé son adversaire jusqu’à un retentissant K.-O., inscrit au septième round.

«Ceux qui pensaient que j’étais fini, je peux vous dire que ça ne fait que commencer, a-t-il assuré. J’ai besoin de vacances un peu, mais j’ai une entente avec Top Rank et ESPN. On va continuer de travailler et regarder ce qui se passe à tête reposée. (…) C’est une course contre la montre: j’ai 34 ans, il ne me reste pas des années.»

Kean a travaillé avec un neurologue pour ce duel. Il affirme avoir gagné en équilibre. Ça a paru: les assises un peu moins larges, le Trifluvien semblait plus en contrôle et ses coups ont été lancés avec plus d’équilibre, plus d’aplomb.

Quant à son jab «2.0», il lui permet d’ouvrir un plus grand éventail de possibilités pour sa main arrière.

«Il est plus sournois, moins prévisible. Ça va m’aider à avoir plus de précision avec ma main droite.»

«J’ai toujours dit à Simon qu’il a un jab comme une droite, a ajouté Estephan. Molina a semblé surpris du niveau de Simon. Il a été discipliné, il n’a pas perdu la tête. Il a placé ses coups comme il fallait. C’est très prometteur pour la suite. On a un deal avec Top Rank, on va voir leurs ouvertures, mais j’aimerais l’amener aux États-Unis.»

En attendant, EOTTM mettra son énergie sur son gala mexicain, où ses jeunes boxeurs — Wilkens Mathieu, John Orobio, Vanessa Joanisse Lepage, tous victorieux jeudi, notamment — ajouteront à leur bagage d’expérience. Au Québec, son gala n’aura lieu que le 1er juin, au Casino.

D’ici là, les amateurs pourront suivre le gala de Groupe Yvon Michel, aussi au Casino, le 20 avril, ou encore Marie-Pier Houle, qui tentera de mettre la main sur le titre mondial de la WBO des mi-moyennes face à Sandy Ryan, à Cardiff, au pays de Galles, le 22 avril.