Marie-Ève Dicaire a profité d’une pause qui lui a été salutaire

MONTRÉAL — Quand Marie-Ève Dicaire montera sur le ring de l’AO Arena de Manchester, le 12 novembre prochain, cela fera 11 mois qu’elle n’aura pas boxé. Elle ne s’en portera que mieux.

Très active avant la pandémie, Dicaire (18-1, 1 K.-O.) a profité de cette pause pour retrouver le goût de boxer, ce dont elle aura besoin si elle espère défendre son titre de l’International Boxing Federation et ravir les ceintures du World Boxing Council et de la World Boxing Organization des super-mi-moyennes, détenues par son adversaire, la Britannique Natasha Jonas (12-2-1, 8 K.-O.).

«J’aurais aimé revenir sur le ring plus rapidement, mais des concours de circonstances ont mis ça sur la glace», a déclaré Dicaire lors d’une rencontre de presse, jeudi.

Elle faisait notamment allusion au combat reporté du champion des super-lourds-légers Oscar Rivas, qui devait avoir lieu au mois d’août. Dicaire devait défendre son titre lors de ce gala prévu en Colombie.

«En ayant ce repos, j’ai pu m’ennuyer de la boxe et guérir des blessures qui me suivent depuis quelques temps. Je suis plus motivée que jamais, le couteau entre les dents.»

Certains en ont douté ces derniers mois: Dicaire donne des conférences — elle revient tout juste de San Diego, où elle s’est adressée à des planificateurs financiers — et elle a amorcé une carrière florissante dans les médias, alors qu’on l’a notamment entendue sur les ondes du 91,9 Sports et depuis quelques mois, à CKOI.

«Oui, vous m’avez vue dans plusieurs projets, mais ça ne veut pas dire que parce qu’on fait d’autres projets que je ne garde pas la forme», a-t-elle noté.

«Je trouve ça le fun que les gens parlent pour moi, mais je ne suis pas là, a-t-elle ajouté au sujet de ses détracteurs qui la croyaient prête à accrocher ses gants. J’ai besoin de projets, je ne suis pas capable de rester en place, alors ces projets m’ont permis cela. J’ai aussi pris ce temps pour guérir mes blessures. J’ai enchaîné combat par-dessus combat. Pour (le combat contre Claressa) Shields, j’ai vécu un camp de près de 16 mois. 

«Quand ça fait une semaine ou deux que je suis à la maison à ne rien faire, je commence à gober les mouches. C’est en raison de cette pause que j’ai pu passer dans les médias, où j’ai senti que les choses bougeaient, où je me sentais revivre. Mais c’était aussi une façon pour moi de me reposer et de m’ennuyer de la boxe.»

Dicaire en a aussi profité pour guérir des blessures qui l’ennuyaient depuis un certain temps. Elle a notamment été ralentie par une déchirure partielle du tendon d’Achille et une blessure à un genou. Tout cela est maintenant derrière elle.

«Durant mon camp pour Claressa Shields, je m’étais déchiré le tendon d’Achille. J’ai donc boxé avec cette blessure contre Shields. Ça a été une blessure qu’on a traînée pendant deux ans et demi de temps. Contre (Cynthia) Lozano (en décembre dernier), j’ai glissé au premier round et me suis blessée au genou (ligament croisé antérieur et ménisque). Je me suis relevée et j’ai terminé ce combat, mais on a eu besoin d’une bonne rééducation. Quand je monte dans le ring, je suis ‘all-in’ et je donne mon 100%. Mais on savait qu’on avait besoin de ce temps-là pour me remettre sur pied et passer aux combats les plus importants de ma carrière.»

La question se pose tout de même: est-ce que son affrontement contre Jonas sera le dernier?

«Est-ce que c’est le dernier? Je ne sais pas. Pour moi, tout ce qui compte, c’est de parler de ce combat à Manchester où je veux unifier les ceintures.»

Michel n’est pas superstitieux

Yvon Michel, le promoteur de Dicaire, n’est pas superstitieux.

«Ça attire le malheur», a-t-il assuré. C’est une bonne chose, car ses escapades européennes avec ses protégés n’ont pas été couronnées de succès jusqu’ici.

Qu’on pense à Éric Lucas et Sébastien Demers en Allemagne, ou encore à Jean Pascal, Lucian Bute ou Kevin Bizier en Angleterre, tous les boxeurs qu’il a amenés en Europe ont mordu la poussière.

«Tous sauf un ont livré de vrais combats; un seul s’est fait voler», a-t-il précisé, en parlant évidemment de la très controversée défaite de Lucas par décision partagée face à Markus Beyer à Leipzig, en 2003.

«J’ai déjà obtenu que nous aurons un juge du Canada, un du Royaume-Uni et un autre neutre, a ajouté Michel. L’arbitre sera du Royaume-Uni, mais les conditions ne sont pas les mêmes. Nous avons obtenu que Marie-Ève puisse arriver une semaine à l’avance, alors le décalage horaire ne sera pas non plus un enjeu.»