Marie-Ève Dicaire souhaite gâcher la réception de Natasha Jonas

BOISBRIAND, Qc — Marie-Ève Dicaire souhaitait un grand défi pour sa prochaine défense de titre. Aller affronter Natasha Jonas dans sa cour arrière à Manchester, à la mi-novembre, pour un combat d’unification des titres chez les super-mi-moyennes en est-il un trop grand?

Évidemment que Dicaire (18-1, 1 K.-O.) et Groupe Yvon Michel ne croient pas que ce soit le cas. Le clan de la championne de l’International Boxing Federation (IBF) estime que de s’être frottée à Claressa Shields en combat d’unification chez elle, dans le Michigan, lui a donné le bagage nécessaire pour aller battre Jonas (12-2-1, 8 K.-O.) à l’AO Arena, le 12 novembre.

«Je pense qu’avec le combat contre Shields, j’ai appris que j’avais ma place au sein de l’élite mondiale, a indiqué Dicaire dans son gymnase de la Rive-Nord de Montréal. J’ai eu la chance d’affronter une boxeuse beaucoup plus lourde que moi, beaucoup plus expérimentée en vertu de son bagage amateur. Aussi beaucoup plus décorée: elle avait été championne unifiée à 168 puis à 160 livres. Je sais qu’en fin de combat, quand j’ai décidé que j’en avais assez et que c’était le moment d’imposer mon rythme, j’ai été en mesure de le faire. Ça m’a beaucoup mise en confiance. Ça m’a permis de réaliser tous les moyens que j’avais en combat.»

«Les circonstances seront complètement différentes: nous étions allés à Flint, et en raison des restrictions de déplacement, nous n’étions que deux dans le coin de Marie-Ève, Stéphane Harnois et moi, a rappelé Yvon Michel. Elle était littéralement seule contre tout le monde. Ce ne sera pas la même chose cette fois-ci. Elle n’arrivera pas quelques jours seulement avant le combat, mais une semaine à l’avance. On est convaincu que Marie-Ève a ce qu’il faut pour remporter ce combat. On y va avec beaucoup d’enthousiasme.»

«Je ne dirais pas que je m’en vais en terrain hostile, mais on sait à quel point le Royaume-Uni est réputé pour avoir des partisans de boxe, a ajouté Dicaire. De faire les frais de la finale dans un tel événement, c’était un rêve complètement absurde (quand je suis devenue championne) en 2015.»

En plus de la ceinture détenue par Dicaire, celles autour de la taille de Jonas — celles du World Boxing Council (WBC) et de la World Boxing Organization (WBO) — seront en jeu. Comme Dicaire est classée no 1 au classement du magazine The Ring et Jonas deuxième, la ceinture The Ring sera également à l’enjeu.

Il s’agira du septième combat de championnat du monde pour Dicaire, dont un deuxième unifié. Il s’agira de sa sixième défense du titre de l’IBF. Seule Shields a réussi à le lui ravir. Dicaire l’a repris dès son combat suivant, en décembre dernier, contre Cynthia Lozano.

Quant à Jonas, qui vient d’accéder aux super-mi-moyennes après avoir oeuvré chez les légères, elle livrera un cinquième combat de championnat du monde. Elle tentera de défendre son titre WBO pour la deuxième fois, tandis que ce sera la première fois qu’elle mettra en jeu la ceinture du WBC remportée le 3 septembre dernier par décision unanime contre Patricia Berghult.

Si Dicaire a habitué ses partisans à de la boxe rapide, toute en combinaisons et en finesse, Jonas a un style plus expéditif, comme en font foi ses huit K.-O. contre un seul pour la Québécoise.

«Elle est agressive, elle met beaucoup de pression et est allée chercher plusieurs knockouts jusqu’ici», a admis Michel.

Long processus

Dicaire attend depuis longtemps cette deuxième occasion d’unification. Mais Michel travaillait en coulisses depuis un certain temps pour lui dénicher une telle affiche.

«Ça fait déjà un bout de temps qu’on avait entamé des négociations avec Boxxer, le promoteur de Jonas. Nous avions aussi eu des discussions avec Eddie Hearn, le promoteur de (Terri) Harper (championne de la division à la World Boxing Association). Finalement, les conditions et le défi de Jonas étaient plus importants.

«On avait des options et ça fait longtemps qu’on le sait. On pouvait affronter la gagnante du combat entre Berghult et Jonas; la gagnante de (Hannah) Rankin contre Harper; on avait aussi Cecilia Braekhus qui était une option intéressante. (…) On n’était pas à la recherche : on savait qu’il y avait beaucoup d’options, il s’agissait simplement de prendre la meilleure là-dedans.»

Et la Montréalaise Mary Spencer?

«On se disait aussi qu’on aurait une offre pour Mary Spencer, mais ce n’est jamais arrivé», a indiqué Michel.

«À part faire beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux et dans les médias, son promoteur n’a jamais envoyé de contrat, a ajouté Dicaire. Il n’a posé aucune action concrète pour que ce combat ait lieu. On dirait qu’il essaie de faire parler de Mary Spencer de n’importe quelle façon et c’est correct, car Mary Spencer est une excellente boxeuse. C’est une olympienne qui a représenté fièrement notre pays. Je pense que c’est positif pour les fans de boxe d’avoir la chance de connaître cette boxeuse. Par contre, pour le moment, on se concentre sur nos objectifs et les offres concrètes qu’on nous propose. L’offre concrète qu’on a eue, c’est celle de Jonas, pas de Mary Spencer.»