Cellule pour aider Haïti:la République dominicaine contredit les intentions du Canada

MONTRÉAL — Les intentions du Canada de diriger à partir de la République dominicaine une cellule de coordination pour soutenir les forces policières haïtiennes semblent rencontrer de la résistance du côté de Saint-Domingue. 

Le ministre des Affaires étrangères de la République dominicaine, Roberto Alvarez, a contredit vendredi l’annonce faite la veille par son homologue canadienne lors d’une réunion sur la crise en Haïti. 

«Le gouvernement dominicain confirme qu’il n’a pas discuté, convenu ou accordé une quelconque autorisation pour l’installation sur notre territoire d’un bureau de coordination de soutien à la Police nationale d’Haïti», a déclaré M. Alvarez en espagnol sur Twitter. 

Jeudi, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, participait à une rencontre virtuelle à laquelle prenaient part plusieurs ministres et représentants de pays et d’organisations internationales pour discuter de la sécurité en Haïti. 

Au cours de cette réunion, Mme Joly a indiqué qu’une cellule de coordination conjointe dirigée par le Canada sera lancée cet été, et que cela impliquera une présence canadienne en République dominicaine, pays voisin d’Haïti. 

Vendredi soir, Affaires mondiales Canada a mentionné à La Presse Canadienne qu’il y a eu des discussions avec la République dominicaine. 

«Les discussions entre les partenaires pour rendre ce travail opérationnel ont lieu depuis plusieurs semaines et se poursuivent, y compris celles visant à finaliser un emplacement qui soutiendra le travail du groupe à proximité géographique d’Haïti», a déclaré le ministère fédéral par courriel. 

Affaires mondiales Canada ne précise pas dans sa déclaration si la cellule sera bel et bien implantée en République dominicaine. 

La déclaration du ministre Alvarez est intervenue une journée après celle d’un candidat à la présidentielle du pays, Abel Martínez Durán, qui plaide pour que les solutions à la crise en Haïti soient mises en oeuvre à l’intérieur de ses frontières. 

«Nous rejetons les prétentions du Canada d’établir des bureaux en République dominicaine pour soi-disant coordonner l’aide au pays voisin. Qu’ils les installent en Haïti!», a-t-il écrit dans un gazouillis sur Twitter jeudi. 

Par l’entremise de la future cellule, «plus de 20 pays et organisations internationales travailleront ensemble pour aider les Haïtiens et la police nationale haïtienne à répondre aux besoins de sécurité du pays», a pour sa part indiqué Affaires mondiales Canada. 

Concrètement, l’initiative visera à évaluer les besoins en matière de formation et d’équipement, entre autres, et de déterminer comment les pays donateurs peuvent répondre à ces demandes.

La ministre Joly a aussi annoncé jeudi un financement d’Ottawa de 13 millions $ pour répondre aux besoins immédiats en matière de sécurité et permettre également de renforcer les compétences d’Haïti en vue de lutter contre la corruption et l’impunité.

Des gangs violents ont comblé le vide du pouvoir depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. Ils bloquent les carburants et les routes principales, et commettent des actes de violence sexuelle alors que les conflits de territoire entre gangs s’étendent au-delà de la capitale de Port-au-Prince.

Si Washington appuie l’idée d’une intervention militaire pour éliminer les gangs, Ottawa prône plutôt une approche qui consiste à sanctionner les élites politiques et économiques qui, selon Ottawa, ont soutenu ces groupes.