Énergir: l’entente pourrait coûter 7,2 milliards $ à Hydro-Québec

QUÉBEC — L’entente entre Hydro-Québec et Énergir coûtera très cher aux Québécois: au moins 7,2 milliards $ d’ici à 2050, selon des groupes écologistes qui ont analysé des documents déposés à la Régie de l’énergie.

La société d’État soutient plutôt que les groupes écologistes imputent à cette entente des coûts qui ne lui sont pas attribuables.

L’entente vise à abaisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) en convertissant à la biénergie des systèmes de chauffage au gaz, mais Hydro devra d’abord indemniser Énergir pour ses pertes de revenus et refiler la facture à ses clients.

Cela équivaudra à une facture de 2,4 milliards $, mais une autre addition plus salée encore attend les consommateurs, selon les calculs effectués par l’analyste Jean-Pierre Finet, du Regroupement des organismes environnementaux en énergie.

À partir de 2026, une fois que le surplus en énergie d’Hydro aura été épuisé, la société d’État devra construire de nouvelles installations de production qui généreront donc une énergie plus coûteuse.

Sur 30 ans, soit la durée totale de l’installation d’équipements de biénergie et de leur amortissement, le manque à gagner pour Hydro s’élèvera à 4,8 milliards $, selon les projections de l’analyste.

«Ce n’est pas notre calcul, c’est leur chiffre», a tenu à préciser un porte-parole d’Hydro, Maxence Huard-Lefebvre, en entrevue avec La Presse Canadienne jeudi.

Le manque à gagner de 4,8 milliards $ n’est pas uniquement lié à l’entente avec Énergir, a-t-il poursuivi. C’est un manque à gagner lié à l’électrification.

«Ce coût va exister, qu’il y ait une entente avec Énergir ou pas, on va électrifier le chauffage des bâtiments», a-t-il plaidé.

«En électrifiant les bâtiments qui utilisent présentement du gaz à 100 % dans le cadre de l’entente avec Énergir – qui vise à soulager la pression sur le réseau en pointe –, l’impact sur les nouveaux approvisionnements en électricité est de l’ordre de 4,8 milliards $», a expliqué le porte-parole.

L’entente permet de réduire la demande en électricité en période de pointe, donc les coûts pour Hydro, a-t-il justifié.

Une électrification complète prendrait plus de temps et coûterait plus cher, soit 9,6 milliards $ à terme, «des coûts exorbitants pour la société».

Quant aux 2,4 milliards $, il est «trop tôt pour spéculer», a laissé entendre M. Huard-Lefebvre.

La Régie de l’énergie doit d’abord se prononcer sur le premier volet de l’entente. Si le texte est d’abord validé jusqu’en 2026 et reconduit, le coût serait alors de 1,4 milliard $.

Hydro devra réviser ses tarifs à la hausse pour compenser ce manque à gagner total de 7,2 milliards $, de l’avis du Regroupement des organismes environnementaux en énergie.

Hydro estime déjà que l’entente aura pour effet une hausse de 1,4 % en 2030.

Les organismes qui font front commun contre cette entente sont le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec, Greenpeace Canada, Nature Québec, Fondation Coule pas chez nous, Équiterre ainsi que Sortons la Caisse du carbone.

Le gouvernement Legault n’a cessé de répéter de son côté que cette entente était avantageuse, puisqu’elle permettrait de réduire de 540 000 tonnes de GES les émissions du Québec d’ici à 2030.