Formation accélérée en construction: Québec espère garder 90 % des recrues

Québec ne veut pas échapper les nouveaux travailleurs de la construction formés à gros prix: à peine les nouvelles cohortes formées, des mesures de rétention ont été annoncées jeudi.

«Entrer dans l’industrie de la construction, c’est un peu compliqué», a admis en conférence de presse le ministre du Travail, Jean Boulet, pour justifier ce nouveau volet de son Offensive formation en construction, un programme mis sur pied en octobre pour combler la rareté de la main-d’oeuvre.  

Pas moins de 4000 étudiants sont inscrits à ces formations accélérées rémunérées et le ministre a dit «raisonnablement anticiper» que 85-90 % des finissants fassent carrière dans leur domaine. 

Impossible de forcer tous les finissants à se diriger vers leur filière, même s’ils ont été payés par l’État 750 $ par semaine pour apprendre les rudiments du métier.  

«En matière d’efficacité administrative, ce n’était envisageable d’obliger, suivre chaque personne, ou imposer une bureaucratie qui ne répond pas à l’objectif», a-t-il expliqué au cours d’une conférence de presse dans une salle de cours de ferblanterie d’une école de métiers de Québec.

Toutefois il a rappelé une sorte d’obligation morale, faisant écho à des témoignages rapportant que des personnes s’étaient inscrites pour effectuer des travaux chez elles.   

«Tu reçois un incitatif financier qui provient des fonds publics, ce n’est pas à des fins personnelles, c’est pour répondre à des besoins collectifs.»

Le directeur général de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, Maxime Rodrigue, a affirmé que «la grande majorité de ceux qui ont suivi cette formation ont des ambitions de travailler dans l’industrie».

Depuis jeudi, les employeurs peuvent maintenant embaucher les élèves qui terminent ces formations de 500 à 700 heures, dans les métiers de charpentier-menuisier, de ferblantier, de frigoriste, d’opérateur d’équipement lourd et d’opérateur de pelle mécanique.

La Commission de la construction du Québec (CCQ) communiquera notamment avec les employeurs pour les informer sur les manières d’approcher la future main-d’oeuvre. 

Elle a aussi créé une page intitulée «jechoisislaconstruction»: elle indiquera entre autres la marche à suivre pour obtenir un certificat de compétence apprenti. En effet, le parcours des finissants est loin d’être terminé.

«Il faut obtenir un certificat compétence apprenti et donner toute l’information, a dit le ministre Boulet. C’est quoi le régime d’apprentissage? C’est quoi le type d’emploi? Comment c’est rémunéré? Quelles sont les conditions de travail? Qui sont les entrepreneurs pour lesquels ils vont travailler?»

L’Offensive formation en construction est une nouvelle voie d’accès aux métiers de la construction créée l’automne dernier.

Les voies les plus connues pour intégrer l’industrie de la construction sont l’obtention d’un Diplôme d’études professionnelles (une formation régulière, donc plus longue que celle d’une AEP), ainsi que l’ouverture de bassins de main-d’oeuvre, lorsqu’il y a un manque de travailleurs dans un métier ou une occupation, dans une région donnée.