Frelighsburg à la recherche de météorites !

SCIENCE. Frelighsburg détient l’une des onze caméras du programme de Détection et observation des météores (DOMe) mené par le Planétarium de Montréal. Par triangulation, ces caméras tentent de retracer les possibles météores qui arrivent dans l’atmosphère au-dessus de la province.

Ça fait un bail qu’un météore n’a pas été trouvé dans la province. En effet, la dernière fois que ce phénomène a été observé, c’était à Saint-Robert, dans le secteur de Sorel-Tracy… en 1994!

« Ça fait 29 ans qu’aucune météorite n’a été vue, mais on sait qu’il y en a, soutient l’astronome et conservateur de la collection des météorites du Planétarium Rio Tinto Alcan de Montréal, André Grandchamps. Pourquoi n’en a-t-on pas vu? Au Québec, il y a beaucoup de forêts et de lacs, bien entendu, mais il y a un autre élément qui explique ça. On a tous nos téléphones, nos tablettes, nos télés, on ne regarde plus le ciel. Et quand on le regarde, il y a beaucoup de pollution lumineuse. « 

Durant tout l’été, l’exposition Le DOMe sera installée à l’hôtel de ville de Frelighsburg pour permettre aux jeunes et aux moins jeunes d’en apprendre plus sur les météores et sur le projet.

Le projet est imbriqué dans l’initiative ­Fireball ­Recovery and ­Inter ­Planetary ­Observation ­Network (FRIPON), lancée il y a quelques années de l’autre côté de l’Atlantique.

Pour moi, les météorites, c’est une passion de longue date. Ce sont des objets célestes tout à fait extraordinaires qui nous permettent de comprendre d’où on vient et comment la vie a pu se développer sur ­Terre. » 

André ­Grandchamps, astronome et conservateur de la collection des météorites du ­Planétarium

« ­Ce ­projet-là émane de la ­France, relate l’astronome et conservateur de la collection des météorites du ­Planétarium, ­André ­Grandchamps, qui s’est déplacé pour le lancement de l’exposition. En 2013, il y a eu une chute de météorites et un astronome l’a vue. Il n’a jamais été capable de trouver rien dans la région et s’est dit qu’ils devraient avoir un réseau de caméras. »

Aujourd’hui, près de 120 caméras sont installées en ­France. D’autres pays limitrophes ont également emboîté le bas, comme l’Italie, l’Espagne, la ­Grande-Bretagne et la ­Belgique.

« ­En 2018, au ­Planétarium, on a approché les ­Français pour vouloir faire partie de ça, raconte M. Grandchamps. On est allés les voir en 2019 et on a ciblé des endroits au ­Québec pour savoir où installer les caméras. On visait les terres agricoles parce qu’en forêt, malgré toute notre bonne volonté, ce serait difficile de repérer quoi que ce soit. »

La dernière fois qu’une météorite a été trouvée au Québec, des vaches avaient repéré l’objet céleste dans un champ.

Si une météorite arrive dans l’atmosphère ­au-dessus du territoire québécois, il est possible que plusieurs caméras du programme ­DOMe puissent l’observer. C’est d’ailleurs ainsi, par triangulation, si idéalement trois caméras parviennent à la voir, que les gens du ­Planétarium arriveront à cibler une zone d’environ 5 km2 où le « bolide » aurait bien pu atterrir.

Les caméras ne servent pas uniquement à détecter les météorites qui tomberaient en sol québécois. Elles pourraient également détecter des bolides se dirigeant vers la station spatiale internationale ou le télescope ­James-Webb, par exemple, et permettre de la déplacer avant un contact.

FRELIGHSBURG ­DIT ­OUI

Frelighsburg n’a pas mis de temps à accepter la demande du ­Planétarium.

 « ­Lorsqu’André ­Grandchamps a communiqué avec la ­Municipalité en 2019 pour nous proposer d’installer une caméra sur un bâtiment municipal, notre réponse a été rapide et enthousiaste, rappelle la mairesse de ­Frelighsburg, ­Lucie ­Dagenais. Frelighsburg a la réputation de saisir les occasions. On a profité de se partenariat avec le ­Planétarium pour organiser une future visite pour nos enfants ­là-bas, à ­Montréal, au cours de l’année prochaine. » 

Une partie de l’exposition, soit les affiches installées sur les murs à l’hôtel de ville, demeurera la propriété de ­Frelighsburg, même lors du départ de l’exposition, qui en est à sa première.

 « C’est un plaisir d’avoir choisi ­Frelighsburg comme première municipalité à accueillir une station ­DOMe et notre exposition itinérante, a affirmé le directeur du ­Planétarium, ­Olivier ­Hernandez. On l’a senti, votre enthousiasme. C’était incroyable de voir cette réception à la science et que vous soyez ouverts à vouloir aller plus loin. » 

 « ­Frelighsburg est une municipalité exceptionnellement dynamique, toujours ouverte pour amener des projets comme celui du ­Planétarium ou encore ­Adélard, a commenté la députée fédérale de ­Brome-Missisquoi, ­Pascale ­St-Onge, présente lors du lancement de l’exposition. C’est une des municipalités les plus vibrantes. Je félicite aussi le ­Planétarium pour son exposition, mais aussi pour sa participation à une expérience scientifique vraiment impressionnante et importante. » 

 «­On connaissait ­Frelighsburg pour ses attraits, mais de savoir qu’il s’agit d’un lien stratégique pour observer des météorites, ça ajoute une nouvelle corde à son arc, a affirmé pour sa part son homologue provinciale, ­Isabelle ­Charest. Cette opportunité qu’on offre aux jeunes et aux moins jeunes n’a pas de prix. »