Palmarès: la Montérégie au 1er rang des régions pour les déversements d’eaux usées

MONTRÉAL — Les déversements d’eaux usées rejetées sans traitement dans les lacs et rivières du Québec ont augmenté en 2022 et la Montérégie arrive au premier rang des régions, selon le palmarès de la  Fondation Rivières qui souligne l’importance des solutions basées sur la nature comme les rues éponges, les milieux humides ou les bassins de rétention naturels.

La province a connu 57 263 déversements d’eaux usées rejetées sans traitement en 2022, au-delà des 36 391 déversements de 2021, une année où il y avait eu exceptionnellement peu de précipitations.

Trois-Rivières, Longueuil et Terrebonne se sont distinguées, parmi les 10 grandes villes du Québec, pour leurs améliorations quant à l’intensité des déversements d’eaux usées pour la période 2017-2022.

En tenant compte de toutes les villes et municipalités, ce sont Plessisville, Beauharnois et Sainte-Marie qui ont affiché les plus grandes améliorations, alors que Thetford Mines, La Tuque et Lacolle présentent les plus grandes dégradations, selon le classement de Fondation Rivières qui s’appuie sur les données du ministère de l’Environnement (MELCCFP).

La Fondation Rivières a développé un «indice d’intensité des déversements par habitant», lequel tient compte «de la durée des déversements et de la taille de l’ouvrage qui déborde». Les municipalités de Caplan, en Gaspésie, Huntington, en Montérégie, et de Chandler, également en Gaspésie, occupent les trois premières positions en ce qui a trait à l’intensité des déversements par habitant. 

Trois municipalités de la Montérégie sont parmi les 10 premières pour l’intensité des déversements les plus élevés.

La Fondation Rivières souligne que «malgré une légère amélioration, la Montérégie est la région qui présente l’intensité des déversements la plus élevée depuis 2017, jusqu’à six fois plus importante que Montréal en 2022».

Même si l’intensité a tendance à augmenter dans la région, notamment au bassin de La Prairie, Fondation Rivières souligne l’audace de La Prairie qui a imposé un moratoire sur le développement immobilier afin de réduire la pression sur son réseau, ce qui constitue, selon la fondation, «un exemple de saine gestion environnementale».

Les déversements surviennent la plupart du temps à la suite de grosses pluies et visent à éviter que les stations d’épuration ne débordent.

Chaque station d’épuration a une capacité maximale de traitement et quand il y a trop d’eau en raison de la pluie, le débit peut excéder ce que le réseau est capable de prendre, alors les autorités choisissent d’envoyer l’excédent dans le fleuve, les lacs ou les rivières. 

«Bien souvent, les vieilles villes ou les vieux secteurs ont ce qu’on appelle des réseaux unitaires», c’est-à-dire que l’eau de pluie s’y mêle aux eaux usées avant de prendre le chemin de l’usine de traitement, a précisé le directeur général de la Fondation, André Bélanger.

Des solutions basées sur la nature

Les changements climatiques vont accentuer les risques de déversements d’eaux usées en raison de l’augmentation des épisodes de fortes pluies.

«Nos réseaux ont été faits pour résister à des pluies normales,  étendues sur une journée, et à traiter les eaux usées sur une base normale, mais quand on a des saisons comme le printemps dernier où la neige fond beaucoup et qu’il se met à pleuvoir beaucoup, ça cause un trop plein», a expliqué M. Bélanger.

«On ne peut pas contrôler la météo, mais ce qu’on peut contrôler, c’est la réduction à la source» de la quantité d’eau de pluie qui se mélangera aux eaux sanitaires, a ajouté André Bélanger.

«La prévention peut se faire en aménageant des lieux de captation d’eau de pluie, des bassins de rétention par exemple, ou alors des parcs vers lesquels on dirige l’eau du trottoir plutôt que de l’envoyer dans les égouts.»

Il a donné l’exemple de la Ville de Longueuil, dont le bilan est peu reluisant, année après année.

«Sur le boulevard Taschereau, il y a du stationnement en masse! Tous ces stationnements poussent l’eau de pluie directement dans les réseaux et c’est clair que ça provoque des débordements. Donc dans le cas d’une ville comme Longueuil, quand la mairesse annonce qu’elle veut protéger 20 % du territoire, ça peut s’inscrire dans une stratégie de réduction des déversements», a ajouté M. Bélanger en soulignant que la protection des milieux humides ainsi que l’aménagement de rues et de trottoirs éponges sont des exemples d’infrastructures naturelles peu coûteuses qui permettent de réduire la pression sur les réseaux.

Au-delà des solutions basées sur la nature, certaines villes n’ont d’autres choix que d’investir dans la mise à jour de leurs infrastructures, par exemple en séparant les eaux pluviales des eaux sanitaires en deux réseaux distincts.

Les déversements d’eaux usées viennent avec une quantité de phosphore et d’E. coli pouvant entraîner des impacts sur la faune et la flore, et empêcher aussi la population de profiter des cours d’eau pour la baignade.