Parc automobile: Legault ne reprend pas la cible de Fitzgibbon

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault a laissé entendre mercredi qu’il veut réduire le parc automobile au Québec, mais pas nécessairement de moitié comme l’a évoqué son ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. 

Ce dernier a déclenché une controverse au cours des derniers jours en laissant entendre qu’il faudrait réduire de moitié le nombre de véhicules automobiles au Québec, qui est actuellement de près de sept millions. 

En mêlée de presse juste avant la séance du conseil des ministres à Québec, François Legault a suggéré que son ministre disait ce qu’il pensait et qu’il était influencé par ses lectures estivales de rapports sur l’environnement.

«Je pense que c’était une image» que suggérait M. Fitzgibbon, a-t-il dit. 

«Je dis toujours ce que je pense», a pour sa part soutenu le ministre dans une mêlée de presse où il a justifié ses déclarations et appelé à une certaine «cohérence»: si on veut arriver à zéro émission de gaz à effet de serre (GES) en 2050, il faudra changer nos habitudes de consommation.

Le premier ministre a expliqué que son gouvernement investissait dans le transport en commun en vue de diminuer le parc automobile.   

«C’est sûr que, dans les grandes villes, on souhaite qu’il y ait, éventuellement, moins d’automobiles, a-t-il dit. Dans les grandes villes, si on met du transport collectif, c’est entre autres pour réduire le nombre d’autos, donc pour réduire au bout du compte les (émissions de) GES.»

Par contre, il a refusé de fixer une cible précise de réduction du parc automobile ou un calendrier. Son gouvernement n’entend pas non plus fixer de moyen coercitif.

«On veut vraiment y aller d’une façon incitative, donc, pas coercitive. On n’a pas de cible de 50 % puis de date.»

Et du même souffle, il a tenu à préciser qu’il était conscient de la réalité hors des grandes villes du Québec, où les distances sont grandes et le transport en commun est difficile et coûteux à mettre en place.

«Il faut être réaliste», a tranché le premier ministre.

Ce n’est «pas du tout» une cible du gouvernement de retrancher de moitié le nombre de véhicules en circulation au Québec, a pour sa part précisé M. Fitzgibbon.

«Ce n’est pas au gouvernement à dire qui va conduire quoi. Les gens feront ce qu’ils veulent. Ceux qui veulent en avoir trois en auront trois.»

Cependant, il a appelé les citoyens qui ont un discours social et qui veulent sauver la planète à être conséquents et à comprendre qu’«il va y avoir des changements», selon ses mots.   

«Ce que je n’accepte pas intellectuellement, c’est qu’on dise qu’on veut être carboneutre, mais on a trois, quatre Ford Explorer à essence.»

Avant même de penser à réduire le parc automobile avec des cibles, le gouvernement caquiste préfère plutôt augmenter la proportion d’automobiles électriques, cette fois avec des cibles, a rappelé le premier ministre.  

«On veut toutefois passer le plus vite possible aux véhicules électriques», a-t-il poursuivi en soulignant que son gouvernement encourage et finance la construction d’usines de batteries au Québec.

La Corporation des concessionnaires automobiles a déploré la sortie de M. Fitzgibbon, tandis que les écologistes l’ont applaudie.

En 2021, il y avait 6 995 085 véhicules en circulation au Québec, sur une population estimée à 8 602 335, ce qui correspond à 2 616 872 véhicules de plus que 10 ans auparavant.

Au Québec, le transport routier représente la source la plus importante de GES, soit 34 % des émissions totales.