Sirop d’érable au Nouveau-Brunswick: des Premières Nations se sentent mises à l’écart

FREDERICTON — Un regroupement de Premières Nations du Nouveau-Brunswick accuse le gouvernement provincial de ne pas l’avoir consulté au sujet d’un plan visant à étendre la superficie des terres de la Couronne disponibles pour la production de sirop d’érable.

Les Mi’gmawe’l Tplu’taqnn d’Eel Ground, qui représentent neuf communautés Mi’kmaq, ont publié mardi une déclaration indiquant qu’ils avaient été sollicités par le gouvernement pour fournir des propositions concernant l’agrandissement, mais que cette demande ne tenait pas compte des droits des Premières Nations.

«Le gouvernement provincial a le devoir de consulter les Premières Nations dès que possible lorsqu’il envisage une décision qui affecte nos droits», a déclaré le groupe.

«Une fois de plus, il semble qu’il ait déjà commencé à prendre des décisions concernant nos droits sans notre contribution, ignorant de manière flagrante le processus», a ajouté l’association.

Le gouvernement prévoit offrir 5000 hectares supplémentaires de terres de la Couronne à louer au cours des cinq prochaines années, et il a insisté dans un communiqué sur le fait qu’il respecte son devoir de consulter les Premières Nations, un processus qui doit être complété avant toute prise de décision finale. 

L’industrie acéricole de la province utilise actuellement 14 000 hectares de forêts de la Couronne, dont plus de 4 000 hectares qui ont été mis à disposition pour la location en 2015.

Frédérick Dion, le président de l’Association acéricole du Nouveau-Brunswick, a applaudi les plans d’expansion du gouvernement.

« L’annonce tant attendue […] marque une étape importante pour l’industrie du sirop d’érable du Nouveau-Brunswick, a-t-il déclaré dans un communiqué. Nos producteurs membres pourront désormais mettre en œuvre leurs plans de croissance pour répondre à la demande toujours croissante de produits dérivés de l’érable à travers le monde.»

Le groupe Mi’kmaq soutient qu’il est prêt à travailler avec le gouvernement et les titulaires de baux, mais affirme que la validité des nouveaux baux sera remise en question si ses préoccupations ne sont pas prises en compte.

Le groupe affirme qu’aucune discussion n’a eu lieu sur l’impact de l’agrandissement sur les terrains de chasse, les sites sacrés ou les zones utilisées pour la cueillette de plantes et de médicaments.

«Ce refus du gouvernement provincial de nous consulter n’est pas une réflexion sur l’industrie acéricole, a déclaré le groupe. Nous pouvons comprendre que l’industrie veut une occasion de se développer, mais nous devons nous assurer que cela ne se fait pas au détriment de nos droits.»

Le gouvernement maintient que les exploitations acéricoles existantes pourront empiéter sur de petites parcelles de terres de la Couronne adjacentes.

Les terres de la Couronne disponibles pour de nouveaux développements se situeront pour leur part à l’extérieur des zones précédemment développées dans le nord-ouest de la province.

«En rendant ces terres disponibles, nous continuerons d’encourager les investissements privés dans l’agriculture du Nouveau-Brunswick», a déclaré le ministre des Ressources naturelles, Mike Holland, dans un communiqué.

L’industrie acéricole de la province, d’une valeur de 33 millions de dollars, comprend plus de 200 producteurs commerciaux qui emploient 2300 travailleurs saisonniers et à temps plein.

Le Canada produit 71 % du sirop d’érable mondial et 91 % de la production du pays provient du Québec. Le Nouveau-Brunswick est le deuxième producteur en importance au Canada, représentant 4 %, suivi de l’Ontario avec 3 %.