Transport en commun: les villes se disent «acculées au pied du mur» par Québec

MONTRÉAL — Québec va présenter une nouvelle proposition aux municipalités du grand Montréal, qui réclament une bonification du financement du transport collectif. Les maires et mairesses affirment se sentir «acculés au pied du mur», tandis que les villes doivent entériner leur budget d’ici quelques jours.

«On se sent acculé au pied du mur, déplore la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en conférence de presse, mardi. Le 15 novembre, la Ville de Montréal adopte son budget.»

Les maires et mairesses de la région du grand Montréal sont revenus à la charge tandis qu’ils affirment se buter à «un silence radio» dans leurs négociations avec le gouvernement. Mme Plante étaitaccompagnée du maire de Laval, Stéphane Boyer, de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, et de la mairesse de Mercier, Lise Michaud, pour presser le gouvernement de bonifier son offre. 

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, répond qu’elle présentera une nouvelle offre. Elle n’a pas voulu dévoiler les contours financiers de sa proposition avant de l’avoir présentée aux municipalités, a-t-elle dit lors d’une mêlée de presse à Québec. 

Le gouvernement Legault proposait de couvrir 20 % du déficit résiduel des sociétés de transport en commun pour la période 2024-2028. Une proposition que les villes jugent inacceptable et insuffisante pour maintenir la fréquence des services.

Avec la pandémie et l’essor du télétravail, le déficit structurel des sociétés de transport en commun s’est accru. Les villes plaident qu’elles ne peuvent pas financer 80 % du déficit structurel tandis qu’elles n’ont pas le droit de faire des déficits. 

Les négociations entre Québec et les villes représentent un bras de fer entre «David et Goliath», dénonce le maire de Laval, Stéphane Boyer. «Les municipalités, nos revenus, ils croissent deux fois moins rapidement que ceux du gouvernement du Québec. On ne peut pas faire de déficit, ce que le gouvernement provincial peut faire. Alors, on ne joue pas à armes égales.»

Pour Laval, l’écart à combler serait de 30 millions $, a donné en exemple M.Boyer. «Trente millions, c’est la croissance de mon budget total pour la ville, pour tous les services: pour le déneigement, pour l’entretien des parcs, pour l’entretien des immeubles, pour toutes.

«Ce n’est pas acceptable, ajoute le maire de Laval. On ne peut pas digérer ça en dedans de quelques semaines.»

Une nouvelle offre

Mme Guilbault s’est engagée à présenter une nouvelle offre, mais elle a voulu tempérer les attentes. Elle a souligné que les municipalités réclament des fonds au provincial, mais que le gouvernement n’a «aucun contrôle» sur les dépenses des sociétés de transport. «On n’a pas notre mot à dire sur la manière dont les  opérations et les décisions sont prises.»

Elle rejette l’analogie faite par les maires et mairesses qui ont comparé le financement du transport en commun à une tarte, en déplorant l’absence de l’un des pâtissiers, le gouvernement du Québec. «On paie grosso modo la moitié de la tarte, mais on n’a aucun contrôle sur les coûts de production de la tarte», réagit la ministre Guilbault. 

La ministre assure qu’il est possible de réduire les dépenses des sociétés de transport, sans effet négatif sur les services, ce que contestent les municipalités. «Je suis assez certaine qu’il y a d’autres façons d’économiser qu’en fermant le métro ou en demandant au gouvernement de payer 75 % des déficits d’exploitation.»

Au Parti québécois, on juge que l’offre de la ministre est insuffisante. «Le gouvernement traîne la patte, n’est pas prêt à prendre le leadership sur cette question-là», déplore Joël Arseneau, le porte-parole du troisième parti d’opposition en matière de transport. 

Manon Massé, de Québec solidaire, s’inquiète de voir les sociétés de transport collectif être contraintes de réduire leurs services. «On dirait que la CAQ ne réalise pas que les travailleurs et travailleuses de toutes les classes sociales prennent l’autobus, le métro, le transport en commun, pour aller au travail, pour porter les enfants à la garderie, pour se déplacer.»