Des propriétaires de condos floués à Bromont

CONDO. Le domaine de la location de condos ne fait pas que des heureux à Bromont. Des propriétaires d’unités de l’édifice Le Champlain, situé près de la montagne, en ont d’ailleurs gros sur le cœur contre l’entreprise Estrieloge, qui était mandatée pour la location de leurs condos. Ces derniers soutiennent avoir été privés de plusieurs milliers de dollars en revenus locatifs. Une situation conflictuelle qui a fait perdre 20 000$ à cinq personnes, a appris JournalLeGuide.com.

Les affaires ont débuté il y a deux ans. Estrieloge se chargeait de louer cinq unités des condos de villégiature Le Champlain, en échange d’une commission. «Tout allait bien au niveau des paiements au départ, puis, peu à peu, ceux-ci ont été espacés, jusqu’à ne plus arriver», dénonce Marie Bouthillier, une des propriétaires impliquées.

Matthew Ranger, qui fait partie du groupe, dit s’inquiéter des retombées sur la prochaine saison touristique. «Quelques clients nous ont contactés pour dire qu’ils avaient versé un dépôt de plusieurs centaines de dollars pour réserver cet été. Il y a plusieurs situations du genre avec lesquelles on va devoir composer». Ce dernier réclame à Estrieloge un montant avoisinant les 6000$.

L’entreprise Estrieloge, dont les activités s’étendent notamment à Bromont, Lac-Brome, Sutton et Magog, était alors gérée par les frères Éric et Simon Langis. Ce dernier avait été poursuivi pour exercice illégal, puis condamné à verser une amende de 500$ dans le cadre d’un procès intenté contre Estrieloge par l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), anciennement l’Association des courtiers et agents immobiliers du Québec. La cause a été entendue à la Cour du Québec en 2010. Il avait alors enfreint l’article 156 de la Loi sur le courtage immobilier du Québec. Celui-ci indique que «nul ne peut, de quelque façon, prétendre être courtier immobilier ou agent immobilier, ni utiliser un titre pouvant laisser croire qu’il l’est, ni exercer l’activité de courtier immobilier ou d’agent immobilier, prétendre avoir le droit de le faire ou agir de manière à donner lieu de croire qu’il est autorisé à le faire, s’il n’est titulaire du certificat requis par la présente loi.» La cause a été portée en appel à deux reprises par la suite, mais sans succès.

Activités neutralisées

Selon le registre des entreprises du Québec, Estrieloge est toujours active, mais les activités de l’entreprise semblent être freinées. Le local du boulevard Bromont est vide, comme l’a constaté JournalLeGuide.com lors de son passage, la semaine dernière. Le site web du groupe demeure inaccessible, la page d’accueil affichant le message «Ce site est temporairement suspendu».

Entretemps, les propriétaires ont repris la gestion de la location de leurs unités de logement, en balayant de leur site web les coordonnées d’Estrieloge. Mais l’imbroglio demeure, puisque certains clients s’étaient assurés de réserver leur place en vue de la prochaine saison estivale en versant un dépôt. Le groupe de copropriétaires n’a jamais vu la couleur de cet argent. 

Des démarches entreprises auprès de l’OACIQ (voir autre texte) ont permis d’apprendre qu’Éric Langis connaît quelques démêlés auprès de l’organisme de protection. Son permis de courtier immobilier et son droit d’exercice restreint au courtage résidentiel sont en effet suspendus depuis le 8 avril dernier. De plus, selon un jugement rendu par la Cour supérieure du Québec, une enquête sur les agissements d’Estrieloge.com avait été lancée aussi tôt qu’en 2007 par le Bureau d’enquêtes civiles du Québec. Éric Langis n’était toutefois pas impliqué dans l’entreprise à ce moment-là.  

Malgré des tentatives répétées, il n’a pas été possible d’avoir la version des faits des deux personnes impliquées dans la gestion d’Estrieloge.