Remous autour d’un puits à Brigham

EAU POTABLE. Il n’y a pas qu’à Lac-Brome où l’alimentation en eau potable fait jaser. Des résidents du secteur de la rue Guay à Brigham, située tout près du pénitencier, pourront vraisemblablement avoir accès à l’eau potable, après avoir vu les avis d’ébullition se succéder au fil des huit dernières années. Mais à quel prix? Des citoyens concernés se disent inquiets des coûts du projet et des répercussions sur leur prochain compte de taxes.

Le puits en question, creusé au coin de la rue Desjardins et du chemin Miltimore, dessert 22 résidences. La Ville de Brigham en a la responsabilité depuis le milieu des années 2000, soit depuis que le Ministère de l’Environnement lui ait remis entre les mains la gestion du site. La propriétaire précédente, Solange Guay, avait auparavant exprimé le souhait de ne plus être en charge de l’installation. Quelques mois à peine après le transfert, les tests effectués sur la qualité de l’eau révélaient qu’elle était impropre à la consommation, elle qui était maintenant soumise à de nouveaux standards du ministère de l’Environnement. C’était également peu de temps après la tragédie de Walkerton et son eau contaminée à la bactérie E. coli, qui a coûté la vie à sept personnes.

Voilà donc que les citoyens du secteur reçoivent à chaque mois dans leur boîte postale un avis d’ébullition, une situation qui se reproduit presque systématiquement depuis les débuts de la prise en charge du puits par la municipalité. 

Raccordement avec Cowansville?

Plusieurs solutions ont été envisagées de part et d’autre. Certains citoyens du secteur proposaient notamment d’être raccordé au système d’aqueduc de Cowansville, près de la rue Wellington. Cette alternative, évaluée à un peu plus de 1,3M $, a été balayée du revers de la main par l’administration municipale en 2011, la jugeant trop onéreuse. Autres obstacles: la Ville aurait été dans l’obligation de refiler une facture de 200 000$ à l’ensemble des contribuables de la municipalité, en plus de taxer une quinzaine de propriétaires qui ont déjà leur propre puits. Elle a plutôt opté pour un projet qui prévoit notamment l’installation dans chaque résidence concernée d’un système à rayons UV et d’un adoucisseur au sel. La Ville compte également rehausser le tubage du puits et mettre en place un bâtiment de service. Le coût estimé des travaux? Un peu moins de 250 000$.

Ce choix, bien qu’il ait un impact moindre sur les finances de la Ville, est loin de faire l’unanimité. «Ça ne règle pas le problème à la source, ça demeure un système avec des tuyaux en carlon, un système archaïque. Moi, j’appelle ça un réseau de camping», dénonce un autre citoyen qui désire garder l’anonymat. Et tous les résidents interrogés craignent une hausse substantielle de la tarification qui leur sera dorénavant imposée pour les services d’eau. Ils estiment même que celle-ci frôlera un «plafond» de 600$ par année. «Ce prix-là, ça n’a tout simplement pas de bon sens pour les services qu’on reçoit. Ce serait du 200% d’augmentation. Et c’est à part de l’entretien de l’équipement et des dépenses en électricité», clame une citoyenne.

Sur ce point, le maire Normand Delisle reste toutefois évasif. «C’est dans les possibilités, mais quand les installations seront achevées, nous serons en mesure d’en savoir plus. Et si tout est complété pour la fin de l’année, nous allons être en mesure de savoir à quoi nous en tenir pour le budget 2015.»

Entretemps, les travaux devraient être complétés à l’automne. Une firme d’hydrogéologues effectuait ces derniers jours des tests sur la pression d’eau du réseau. Cette étape est nécessaire avant le dépôt d’une demande de certificat d’autorisation au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.