Des défis de taille pour le géant IBM

INDUSTRIE. IBM a entamé il y a quelques années un recentrage de ses activités en se départissant, entre autres, de sa gamme d’ordinateurs portables, cédée à Lenovo en 2005. L’entreprise se décrit aujourd’hui comme fort active dans l’informatique en nuage, les médias sociaux et les technologies mobiles, notamment. Mais le virage emprunté par Big blue, surnom accolé au géant informatique, est loin d’être terminé, dans un marché en constant mouvement.

À l’instar d’autres entreprises de haute technologie, le parcours d’IBM demeurera parsemé de défis au cours des prochains trimestres, selon Sébastien Roy, professeur titulaire à la faculté de génie de l’Université de Sherbrooke.

«Dans le passé, IBM s’est fait surprendre à quelques reprises, parce qu’ils avaient des cycles de développement très longs. Les cycles sont de plus en plus rapides et des entreprises qui fonctionnent sur un modèle plus traditionnel peinent à suivre le rythme. Il faut se rappeler que c’est une compagnie qui a traversé les âges et qui basait jadis ses activités sur la production de matériel concret. Ils ont décidé que tout ce qui faisait leur succès depuis plus de cent ans, tout ce qui est matériel, ce n’était plus rentable.»

Du matériel à l’intangible

À Silicon Valley, pôle de développement californien, régnaient jusqu’à tout récemment les industries des semi-conducteurs et des ordinateurs, des secteurs auxquels IBM était fortement lié. Les nouveaux projets (startups dans le jargon) misent désormais sur les médias sociaux et les services, des domaines hautement volatils. «Nous sommes dans une ère où l’intangible est rentable. Il y a moins d’investissements, moins de risques et de meilleures marges, mais on ne sait trop si ce sont des créneaux durables», avance le professeur Roy.

Réinventer son identité: un pari risqué

L’entreprise demeurera-t-elle concurrentielle malgré ce recentrage? Seul le temps le dira, selon le spécialiste. «C’est une bonne direction qu’ils prennent à l’heure actuelle, mais ce ne sera pas facile. Mais d’ici un an ou deux, nous devrions voir s’ils ont réussi ce changement de cap. C’est une compagnie qui est assise sur un formidable arsenal de brevets, mais qui ne fait pas toujours quelque chose avec. Mais ils continuent d’innover quand même», soutient le professeur de l’Université de Sherbrooke. À preuve, IBM demeure la compagnie qui obtient le plus de brevets année après année, dont un nombre record l’an dernier.